Les pauvres sont riches…

Corps du Christ, amen!« Pauvres sont nos vies, pauvres sont nos vies. Cependant, elles sont à toi. Accepte-les Seigneur, alléluia. » Ce cantique de mon enfance remonte à ma mémoire et bouscule sérieusement ma méditation de ce jour. Quelle est ma situation : Aveugle? Sourd? Boiteux? Exilé? Victime du désert, du sahel ou du réchauffement climatique?
Ce vingt-troisième dimanche du temps ordinaire, le prophète Isaïe annonce à un peuple en exil : « La vengeance qui vient, la revanche de Dieu. » Ne nous méprenons pas sur les mots vengeance et revanche qui pourraient heurtés nos contemporains; désormais disciples de la paix et de la non violence. Autrement dit, le prophète Isaïe nous invite à lire et à comprendre au compte de la vengeance et de la revanche de Dieu, un seul et même projet : « Il vient lui-même et va nous sauver. » Dieu veut nous sauver envers et contre toute menace possible. Dans son amour, Dieu prend parti pour nous, il veut nous défendre contre tout péril. Dieu ne confond pas le pécheur et son péché. Et sa revanche est toute orientée contre l’ordre du mal ou du malin.
Au-delà des promesses de guérisons et de retour au pays pour les exilés, la belle prophétie d’Isaïe trouve son application et son aboutissement dans l’évangile que nous venons d’entendre : « Il a bien fait toutes choses : il fait entendre les sourds et parler les muets. » C’est Jésus lui-même qui est à la manœuvre : « Effata! » Jésus rend ainsi au sourd et au bègue qui lui est présenté, la vengeance, la revanche de Dieu qui va au-delà de la guérison d’un défaut corporel. Cette guérison retentit comme une grâce pour Israël et pour notre pauvre humanité. Cette guérison, en territoire païen, illustre une autre prophétie d’Isaïe : « L’Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction. Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux captifs leur libération, et aux aveugles qu’ils retrouveront la vue, remettre en liberté les opprimés… » Lc 4,18
Outre la pauvreté de la santé corporelle ou spirituelle, la pauvreté de notre environnement géographique, la pauvreté de notre condition raciale ou nationale, la pauvreté essentiellement économique et par ricochet sociale qui continue de miner notre humanité, mieux que de simples questions de justice et de droit, notre foi nous invite à entendre ceci de l’épitre de saint Jacques : « Écoutez donc, mes frères bien-aimés! Dieu, lui, n’a-t-il pas choisi ceux qui sont pauvres aux yeux du monde pour en faire des riches dans la foi, et des héritiers du Royaume promis par lui à ceux qui l’auront aimé? »
Oui, vraiment les pauvres sont riches parce qu’ils sont la mesure de l’amour de Dieu. Les pauvres sont une merveilleuse porte ouverte capable d’illuminer notre foi, notre espérance et notre charité.
Gardons-nous de mépriser les préférés de Dieu que sont les pauvres, ils sont chemins de béatitude : « Heureux, vous les pauvres, car le royaume de Dieu est à vous. »

Ab Patrice S.