Jésus, l’étrange étranger !

Jésus, l'étrange étranger !

Où est Jésus dans cette histoire communément intitulée, le bon samaritain ? J’avoue que cette histoire merveilleusement racontée par Jésus lui-même nous conduit bien souvent à vouloir l’identifier à l’infortuné tombé aux mains des bandits.
Jésus n’est-il pas la victime de nos indifférences :« Car j’avais faim, et vous ne m’avez pas donné à manger ; j’avais soif, et vous ne m’avez pas donné à boire ; j’étais un étranger, et vous ne m’avez pas accueilli ; j’étais nu, et vous ne m’avez pas habillé ; j’étais malade et en prison, et vous ne m’avez pas visité.” Mt 25, 42-43
Jésus, a-t-il le gênant visage du mendiant, du clochard ou du malade dont on se détourne pour éviter le triste ou honteux regard humain et pour se faire bonne ou libre conscience, à la lumière de ce qui peut encore plaire ? Jésus, partage-t-il l’étoffe de l’embarrassante compagnie des hommes et des femmes mis à l’index par la société ou rattrapés par un sombre passé ? Enfin, Jésus peut-il échouer à nos plages ou à nos frontières nationales ? Jésus, peut-il être en rade sur des embarcations de fortune, à la merci de la faune marine ou en confinement dans les nouveaux types de camps de concentration , que dis-je, des camps de refugiés ou camps de migrants ?
Avouons qu’il est bien difficile d’identitfier Jésus ou de le reconnaître. A la question du docteur de la loi : « Que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle ? », Jésus répond par deux autres questions : « Dans la loi, qu’y a-t-il d’écrit ? Et comment lis-tu ? » Comment ce qui est écrit dans la loi et ce que dit la loi ne sauraient converger à cette autre affirmation : « l’accomplissement parfait de la loi, c’est l’amour ! » L’hymne à l’amour nous le laisse savoir 1Cor 13, 1-13.
La question de Jésus, « comment lis-tu ? », nous semble une porte ouverte à la quête de notre présente méditation : « Où est Jésus ? »
Le prêtre et le lévite du récit de Jésus, sont prisonniers de leur statut social et professionnel. Nantis spirituellement et matériellement, leur inaction et l’action du samaritain, laisse voir qu’il y a même de la place pour un humanisme… S.OS, Alerter, aujourd’hui, on dirait appeler le 911!Voici pourquoi nous pouvons nous permettre de dire que le prêtre et le lévite n’ont pas su quitter Dieu (culte) pour Dieu (amour).
A quoi servent ces rites ou ces cultes à la gloire de Dieu quand notre humanité est en proie à tant de déchéances ? A quoi servent ces grandes batissent qui abritent des objets de culte quand des pauvres, des migrants et autres meurent dans le froid sans abris ? A quoi sert notre religion si les yeux du cœurs restent fermés ? Selon Saint-Exupéry, « on ne voit bien qu’avec le cœur, l’essentiel est invisble pour les yeux. » Où regardons-nous ? Qui regardons-nous ?
Frères et sœurs, à l’instar du samaritain, pseudonyme de Jésus, l’étrange étranger, ouvrons nos yeux, ouvrons nos mains, ouvrons nos coeurs pour imiter Jésus sur le chemin de la vie, car ce ne peut-être ce que nous avons amassé qui reste après cette vie, mais bien ce que nous avons donné.
Bon dimanche !