Un homme tourmenté rencontre Jésus…

Un homme tourmenté rencontre Jésus…On a vite fait de passer sur le sombre visage d’un homme tourmenté pour célébrer avec raison l’enseignement, et surtout l’autorité exercée par Jésus : « Voilà un enseignement nouveau, donné avec autorité ! »
Ce quatrième dimanche du temps ordinaire s’écoule en ces temps difficiles que nous impose la pandémie en cours. Un mode de vie anormal ou inhabituel, un quotidien possiblement anxiogène qu’il faut égrener sans basculer dans les filets des maladies mentales tapies dans les souffrances de l’isolement, de la solitude ou de l’indifférence.
Avouons-le, c’est ce conditionnement particulier qui a conduit notre attention sur les traits du visage de l’homme tourmenté. L’homme de l’évangile était harcelé par un esprit impur.
Homme et femme d’aujourd’hui, n’est-ce pas un curieux virus, un invisible virus, un virus mutant qui nous tourmente ? Au-delà du virus et de ses affres, j’ai mal à mon église, j’ai mal aux querelles intestines qui la minent, j’ai mal aux esprits impurs qui semblent la dominer, j’ai surtout mal à ce visage de moins en moins serein de l’Église.
Avant la pandémie, l’église pouvait rester fermée pour la simple raison que la messe n’y était pas programmée, faute de prêtre célébrant. Les baptisés qui sont les prêtres du sacerdoce commun demeurent aux abonnés absents.
Avec la pandémie, l’église est tantôt fermée, tantôt ouverte pour 10, 25 ou un maximum de 250 personnes. Je souffre d’entendre dire que mon église n’est pas un service essentiel. Par ricochet, je crois entendre dire que mon devoir de louange ou de supplication à Dieu n’est pas vital. Peut-on tout ramener aux bons soins matériels sans promouvoir la spiritualité ou le bénéfice du spirituel ?
Enfin, mon église semble ne plus étendre ses sarments dans nos familles. D’où l’effritement de son feuillage qui devrait pouvoir offrir un ombrage à quiconque a besoin de vaincre un tourment.
« Aujourd’hui, nous dit le psaume 94, ne fermez pas votre cœur, mais écoutez la voix du Seigneur. » Frères et sœurs, ouvrons les portes à Jésus et ses disciples. Si hier, Jésus était à la Capharnaüm géographique, ici et maintenant, Jésus frappe à la porte de notre santé physique, morale et spirituelle. Son évangile courtise nos cœurs. Jésus veut dire un mot dans le capharnaüm qui nous mine actuellement. Avec Paul, entendons bien ceci : « J’aimerais vous voir libres de tout souci », au sens de ce qu’on peut observer de l’esprit du monde. Et si l’autorité de Jésus ne se dissocie pas de son enseignement : « Il commande même aux esprits impurs, et ils lui obéissent », alors, à tout esprit, source de tourment dans l’église, dans nos familles ou dans notre vie, Jésus déclare aujourd’hui : « Tais-toi ! » Paix et bien à toutes et à tous.

Ab Patrice S.