Si Dieu est pour nous…

Grandir dans la foi...À la fois exigent pour ses partisans et avenant pour qui a le bénéfice de son parti pris, nous ne pouvons pas être indifférents à cette lumineuse interrogation de l’apôtre Paul, pour notre Dieu : « Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous? » En ce carême nôtre, sensé être le temps de notre combat spirituel, quelle consolation, sinon, quelles motivations nous habitent à entendre la voix divine, dans un total parti pris pour Jésus : « Celui-ci est mon fils bien-aimé :Écoutez-le! »? Autrement dit, comment Dieu peut-il être pour nous?
Mon frère, ma sœur, sais-tu que le père des croyants avait renoncé au foisonnement du multipartisme religieux de son époque pour suivre Dieu? (Gn 12,5) Sais-tu que Abram est devenu Abraham en acceptant non seulement de tout quitter pour suivre l’unique Dieu, mieux, en acceptant de faire alliance avec Dieu? (Gn 17,5).
Aujourd’hui, si Abraham jouit de toutes les faveurs de Dieu, c’est bien parce qu’il n’a pas refusé de relever le défi du sacrifice de son fils unique : « Abraham étendit la main et saisit le couteau pour immoler son fils… »
Si Abraham écoute la voix de Dieu : « … Je sais maintenant que tu crains Dieu; tu ne m’as pas refusé ton fils, ton unique », qui pourrait s’opposer ou se comparer à lui : « Dieu est celui qui rend juste » Rm 8,33.
Vraiment, Abraham est avec Dieu et rien ne peut contrarier les desseins de Dieu pour lui : « Je te comblerai de bénédictions, je rendrai ta descendance aussi nombreuse que les étoiles… toutes les nations de la terre s’adresseront l’une à l’autre la bénédiction par le nom de ta descendance. » Abraham nous invite en ce temps de carême à placer ou à conforter notre confiance en Dieu. Aujourd’hui encore, n’est-ce pas la profession de notre foi qui nous introduit à la fontaine baptismale? Si Dieu continue ainsi par notre baptême, à faire alliance avec chacun de nous, descendants d’Abraham, pourquoi vivons-nous dans la peur? En effet, « si Dieu est pour nous, qui sera contre nous? »
L’évangile de la transfiguration de ce jour est une invitation à prendre place sur une « haute montagne ». Là, sous les yeux de Pierre, Jacques et Jean se déroule dans une bulle lumineuse, un colloque entre Moïse, Élie et Jésus. Là surtout, se fait entendre la voix divine en des propos similaires à ceux du baptême de Jésus au Jourdain : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé; écoutez-le! »
Frères et sœurs, que nous reste-t-il à faire quand Dieu nous dit clairement son parti pris? Marchons en présence du Seigneur sur la terre des vivants. Montons à Jérusalem. Dans la grisaille de notre pandémie, accueillons l’évangile de l’espérance, engageons-nous sur l’itinéraire de la résurrection. Portés par les ailes de notre foi et de notre espérance, soyons inventifs dans notre charité pour faire grandir les victimes du doute, de l’incroyance ou de la désespérance.

Ab Patrice S.