Renonce à toute haine…

Renonce à toute haine…Sira le sage ne nous surprend guère quand il affirme que le pécheur est passé maître dans les choses abominables que sont « rancunes et colères ». Un peu comme un « moi » qui perd le réseau divin.

Quand un humain , pauvre mortel s’engouffre ou s’enferme dans la colère, Sira le sage se demande, « comment peut-il demander à Dieu la guérison ? »

En effet, le psalmiste soutient non seulement que « le Seigneur est tendresse et pitié, lent à la colère et plein d’amour », mieux, le psaume du jour nous fait chanter ceci : « il (le Seigneur) pardonne toutes les offenses, et te guérit de toute maladie ».

Il y a donc ici, le Seigneur et Moi. Par conséquent, nous ne pouvons pas passer sous silence, la cruciale question de Sira le Sage : « Si un homme nourrit de la colère contre un autre homme, comment peut-il demander à Dieu la guérison? »

La belle prière du Notre Père que nous partageons dans la foi nous fait porter à Dieu, une demande ainsi libellée : « Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés. » Autrement dit, nous réclamons pour nous, la justice du ciel contre la justice de la terre. Quel beau défi ou du moins quelle grâce ! De quel bord je suis : « Je donne et pardonne à mon prochain, à concurrence du don et pardon divin ou combien de fois, dois-je lui pardonner »?

Quand nos relations humaines continuent d’épingler quelques vilains sentiments qui illustrent bien que nous nous laissons gouverner par la chair, c’est alors que nous relevons les dangers qui nous guettent ou nous minent : « inconduite, impureté, débauche, idolâtrie, sorcellerie, haines, rivalité, jalousie, emportements, intrigues, divisions, sectarisme, envie, beuveries, orgies et autres choses du même genre. » Ga 5, 19-21. Si aucun de nous ne doit son existence à lui-même, aucun de nous ne devrait renoncer à l’horizon de la vie qui veut nous unir à Dieu. Tel est le chemin de l’amour inauguré par le Christ, « le Seigneur et des morts et des vivants » pour nous guider et nous accompagner à relever tout défi dans la vie de l’Esprit.

L’évangile du jour, nous apporte lumière sur la curieuse affirmation de notre Dieu, « lent à la colère… » En effet, il semble plus aisé pour nous de confesser un Dieu, loin de cette laideur de la colère. Qu’en est-il alors dans ce récit-parabole qui soutient au sujet de Dieu que « dans sa colère, son maître le livra aux bourreaux jusqu’à ce qu’il eût remboursé tout ce qu’il devait. »

Dans cette parabole, la colère du maître abandonne le mauvais serviteur à sa propre justice, la justice qu’il réclame pour lui-même. Et le reproche du maître est bien clair : « Ne devais-tu pas, à ton tour, avoir pitié de ton compagnon, comme moi-même j’avais eu pitié de toi ? » En effet, l’homme sans amour se condamne lui-même. L’amour de Dieu ne condamne personne. Autrement dit, s’il y a jugement ou condamnation, c’est qu’il y a simplement refus de l’amour de Dieu qui est toute miséricorde. « Le jugement est sans miséricorde pour qui n’a pas fait miséricorde; mais la miséricorde se rit du jugement. » Jc 2,13

Mon frère, ma sœur, renonce à toute haine ! Renonce à toute colère !

Ab Patrice S.