Périls et profession de foi…

Corps du Christ, amen!À l’entame du carême, le maître se fraie un chemin à travers le désert, au péril de son existence. Notons tout de suite que Jésus n’est pas dans une démarche solitaire ou suicidaire : « rempli d’Esprit Saint… dans l’Esprit, il fut conduit à travers le désert »
Frères et sœurs, appelés à vivre le carême, l’Église nous engage au désert du carême, à la suite du Seigneur, munis du Baptême, forts de l’Esprit Saint, mais tout de même marqués par les cendres, le rappel de notre humble condition. Ainsi, vivre le carême pour chacun de nous, ce n’est pas seulement se tailler son programme d’exercices spirituels, vivre quelques pénitences à notre goût ou pratiquer une charité bien mesurée.
Le carême mérite de retenir notre attention parce qu’il tient à son agendas, pour chacun de nous, trois questions existentielles en lien avec notre foi :
– « Ordonne à cette pierre de devenir du pain. » La question ici, rejoint le reproche de l’apôtre Paul aux philipiens : « Leur dieu, c’est leur ventre, et ils mettent leur gloire dans ce qui fait leur honte ; ils ne pensent qu’aux choses de la terre. » Jésus, dans notre humble condition, nous invite à une profession de foi qui élève : « L’homme ne vit pas seulement de pain. » C’est au désert du carême qu’il faut cesser de tergiverser entre le créateur et la créature pour professer résolument aimer Dieu de tout son cœur, de toute son âme et de toute sa force.
– « Prosterne-toi devant moi. » La question ici rejoint tous ces veaux d’or qui fascinent et soumettent tant d’hommes et de femmes : Les pouvoirs politiques, économiques, militaires, le tsunami pornographique ou l’ivresse de l’avoir insatiable qui minent notre humanité. C’est au désert du carême qu’il faut apprendre à s’affranchir de toutes ces servitudes afin de professer sereinement : « Dieu seul, j’adore »
– « Si tu es Fils de Dieu… » Cette ultime question nous a valu aussi la lumineuse reformulation de la prière du Notre Père en ces termes : « Ne nous laisse pas entrer en tentation… » La tentation ne peut être que l’œuvre du tentateur et de ses affidés. Et les visages de tentation sont multiples , divers et même séduisants pour la perte de qui y succombe. C’est au désert du carême qu’il faut apprendre à grandir dans l’humble prière qui nourrit et épanouit afin de nommer Dieu : « Notre Père ».
Frères et sœurs, le carême, c’est le rendez-vous de la foi qui répond aux questions de la vie. « Quiconque met sa foi en Dieu, ne connaitra pas la honte. » Rm 10,11.

Ab Patrice S.