Laideur et bonheur…

Deux figures évoluent parallèlement dans la parabole que Jésus nous partage en ce XXVI dimanche du temps ordinaire : L’une se prénomme Lazare, l’autre est anonyme.
Lazare est pauvre et misérable. Rien ne lui appartient. Même pas ses misères : « les chiens venaient lécher ses ulcères… » Il vivote aux portes d’un monde qui ne lui est pas ouvert. Lazare rejoint Abraham, porté par les anges.
Le riche se définit par sa possession, « vêtu de pourpre et de lin fin ». Une vie rythmée par des « festins somptueux ». Dans une vie entièrement centrée sur lui-même, le riche est porté en terre par les siens après sa mort.

Ce décor ainsi planté par Jésus, ne peut être que physique. Ce pourrait être aussi le décor de nos univers culturels ou spirituels, de nos tendances raciales ou morales… Il y a le monde des uns et le monde des autres !
Et entre ces deux mondes, il y a l’évangile que nous proclamons, écoutons ou méditons. A nous qui sommes invités dans le diocèse de saint Hyacinthe, à vivre en « disciples missionnaires ensemble, en annoncant partout l’évangile », quel(s) défi(s) s’ouvre (nt) à nous ? N’allons pas nous satisfaire de ce qui se ferait même en notre nom ou avec notre aide. Ouvrons les yeux de notre cœur pour nous donner une réelle chance de regard autour de nous. Dans nos indifférences bien soignées, souvent, tant de personnes pleurent tout près de nous, peut-être à notre insu.

En 1964, le fils du Gouverneur du Canada de 1959-1967, Jean Vanier et deux autres amis choisissent de construire un pont entre nos mondes virtuels ou rééls. C’est la naissance de l’Arche ! Renoncer à l’ivresse des plaisirs du monde pour se faire l’ami de ceux et celles qui ne sauraient briller dans notre société matérialiste. Quand le feu de l’évangile s’empare vraiment de notre cœur humain, nous sommes consumés par le feu de la révolution de Jésus-Christ. N’est-ce pas le choix hardi du pape Francois pour notre église d’aujourd’hui ?

D’où l’exhortation que l’apôtre Paul partage à Timothée : « recherche la justice, la piété, la foi, la charité, la persévérance et la douceur. » Jean VANIER disait souvent : « Je rêve d’un monde d’amour où les hommes n’auront pas peur les uns des autres… L’amour, ce n’est pas faire des choses extraordinaires, héroïques, mais de faire des choses ordinaires avec tendresse. »
Frères et sœurs, l’évangile nous parle pendant qu’il est encore temps. L’évangile veut nous épargner l’abîme infranchissable. Aussi, devant les laideurs de la pauvreté ou de la misère qui pourrait nous entourer, ne détournons plus le regard ailleurs. Saint Vincent de Paul en Entretien avec les filles de la charité disait ceci :« Tournez la médaille, et vous verrez par les lumières de la foi que le Fils de Dieu, qui a voulu être pauvre, nous est représenté par ces pauvres. »