Je sais vivre…

Je sais vivre…

De peu ou dans l’abondance, rassasié ou ayant faim, riche ou pauvre, je sais vivre chaque situation, nous dit l’apôtre des nations. « J’ai été formé à tout et pour tout » soutient-il. Paul s’affranchit, même des principes de précaution de la prière du sage : « Seigneur, je n’ai que deux choses à te demander, ne me les refuse pas avant que je meure ! Éloigne de moi mensonge et fausseté, ne me donne ni pauvreté ni richesse, accorde-moi seulement ma part de pain. Car, dans l’abondance, je pourrais te renier en disant : « Le Seigneur, qui est-ce ? » Ou alors, la misère ferait de moi un voleur, et je profanerais le nom de mon Dieu ! » Pr 30, 7-9.

Paul nous invite plutôt à reposer le choix de notre vie sur la vraie source de son savoir vivre : « Je peux tout en celui qui me donne la force. » Paul s’adosse ou s’en remet à celui qui donne une autre dimension ou un autre regard sur la vie. « Et mon Dieu comblera tous vos besoins selon sa richesse, magnifiquement, dans le Christ Jésus. »
Vivre et savoir vivre devraient rimer ensemble ou s’accorder tout au moins pour que le chemin de la vie connaisse les meilleures fortunes.
« Le Seigneur est mon berger » nous dit le psalmiste du jour. Et toi mon frère, ma sœur, qui est ton berger? Pour l’auteur du psaume, les chemins de la vie sont tantôt « des prés d’herbe fraîche… des eaux tranquilles » ou « les ravins de la mort ». La vie ne peut donc pas être un long fleuve tranquille. Ce qui compte, c’est bien de savoir sur qui ou sur quoi nous pouvons prendre appui. Ici, il est clairement dit pour qui fait le choix du Seigneur : « Tu es avec moi : Ton bâton me guide et me rassure. Tu prépares la table pour moi. »

Frères et sœurs, ce XXVIII ème dimanche du temps ordinaire est aussi celui des festins et des convives. Le prophète Isaïe nous raconte sous des traits imagés et fort agréables un festin à venir assorti d’une promesse du Seigneur : « Il fera disparaître la mort pour toujours. »
L’évangile de Matthieu épouse la même prophétie d’Isaïe sous les traits d’un récit parabolique. Et là les invités à la noce sont tout simplement priés de se plier à une exigence du savoir vivre : « Mon ami, comment es-tu entré ici, sans avoir le vêtement de noce? »
Il aurait pu s’agir du kittel, vêtement de noce distribué gratuitement avant un banquet en pays juif. Un vêtement qui indique que le convive, selon le savoir vivre, était attendu et qu’il a répondu favorablement à l’invitation.

Il pourrait s’agir aujourd’hui de notre vêtement spirituel que nous devons revêtir par le sacrement de réconciliation. Ce vêtement de la miséricorde de Dieu ne souligne-t-il pas l’œuvre de l’esprit de Dieu en nous? Ainsi à chaque eucharistie, pauvres et indignes convives que nous sommes, nous nous disons humblement et régulièrement : « Je ne suis pas digne de te recevoir Seigneur, mais dis seulement un mot… »
En ce jour de la béatification de Carlo ACUTIS, demandons au Seigneur de nous faire la grâce de mieux habiller spirituellement nos cœurs. Que chacun de nous, à l’ère du numérique, en ces difficiles temps de pandémie apprenne du savoir vivre de l’évangile et fasse de chaque eucharistie : « l’autoroute vers le ciel. »

Ab Patrice S.